Depuis le 1er juin et jusqu'au 13 juin 2025, la Science engagée internationale a trouvé son inspiration au cœur de la Merveille normande, le Prieuré du Mont-Saint-Michel, pour la session d'été de la Résidence de Recherche pour le Bien Commun.
Le Prieuré du Mont-Saint-Michel, situé à Ardevon (50170 Pontorson), à seulement 3 km du Mont, a été le cadre idyllique de cette session. Propriété de la Fondation du Mont-Saint-Michel, le Prieuré a bénéficié de dix années de travaux de restauration qui lui permettent désormais d'accueillir des visiteurs, des pèlerins, et pour la première fois, des chercheurs en résidence. Ce "somptueux écrin" a offert des conditions idéales de travail à trois chercheurs internationaux pendant deux semaines.
Emanuele Clarizio
Carolina Hernandez, Gloria Dossou et Jacques Rao (représentant de l'UNESCO)
Carolina Hernandez, Sonya Leclercq (Résidence de Recherche pour le Bien Commun)
Le succès de cette initiative repose sur une collaboration solide avec plusieurs acteurs majeurs du territoire :
L’Association du Prieuré du Mont-Saint-Michel a généreusement accueilli la Résidence de Recherche gracieusement pendant deux semaines, offrant un environnement propice à la réflexion.
La Mairie du Mont-Saint-Michel a mis à disposition une grande salle de travail directement sur le Mont, la salle Estouteville, enrichissant ainsi l'expérience des chercheurs. Son Maire, Monsieur Jacques Bono, a exprimé son désir de créer une future résidence d'artistes sur le Mont, s'inspirant de cette initiative.
L'Établissement public national du Mont-Saint-Michel a offert aux chercheurs un accès gratuit à l'abbaye du Mont-Saint-Michel, permettant des visites inspirantes et une "prise de hauteur" sur leurs travaux.
Les communautés religieuses présentes sur le Mont ont également accueilli les chercheurs pour un temps d'échange et de découverte de leur vie quotidienne.
L'ensemble de cette session a été placée sous le haut patronage de la Commission Nationale Française pour l'UNESCO, soulignant la légitimité et la portée internationale de cette démarche.
Sélectionnés parmi 22 candidatures internationales, les trois lauréats de cette session ont mené des travaux ancrés dans les défis sociétaux contemporains :
Profil : Doctorante en Géographie, en cotutelle entre l'Université Sorbonne Nouvelle (France) et l'Universidad Nacional de Colombia.
Travaux de Recherche : Carolina s'est consacrée à la rédaction de son chapitre de thèse sur l'aménagement des territoires amphibies et les territorialités paysannes dans les zones humides de La Mojana en Colombie. Ses recherches explorent la relation intrinsèque entre la société et les environnements d'eau, plaidant pour que l'eau soit considérée non seulement comme un bien commun, mais aussi comme un territoire à habiter. Elle a achevé la rédaction de son troisième chapitre et débuté le quatrième, axé sur les infrastructures.
Ses Convictions : Carolina est profondément convaincue qu'il n'y a pas de distinction entre la société et l'environnement ; tout ce que l'humanité fait affecte la nature. Elle vise à démanteler les préconceptions et à construire de nouveaux rapports à la nature, passant de la notion de "ressource" à celle de "territoire", en favorisant le "ménage" (le soin) plutôt que la "gestion" de l'eau. Son objectif est de servir de "passerelle" entre les savoirs locaux, la recherche et les décideurs pour des politiques publiques plus adaptées.
En savoir plus : Découvrir son travail dans le grand entretien avec Carolina Hernandez
Profil : Maître de conférences en Sciences de Gestion (Marketing Social) à l'Université de Lille.
Travaux de Recherche : Gloria a consacré son séjour à la rédaction d'un article scientifique issu de ses recherches sur la prévention du vapotage chez les adolescents et jeunes adultes. Ses travaux s'inscrivent dans la lutte contre les "épidémies industrielles" causées par des industries comme l'alcool, le tabac, les produits ultra-transformés et les énergies fossiles, responsables d'un tiers des décès mondiaux. Elle a terminé l'analyse des données d'un des trois corpus de son étude, se disant "très satisfaite" et "très productive".
Ses Convictions : Gloria met l'accent sur la nécessité d'informer et d'éclairer les décisions de politiques publiques en s'appuyant sur la science. Elle insiste sur l'importance de comprendre le public concerné et de l'impliquer dans la co-construction des stratégies de prévention. Pour elle, la santé et le bien-être de la population ne doivent pas être sacrifiés sur l'autel des intérêts économiques, et la recherche a un rôle crucial pour dénoncer la manipulation industrielle et proposer des mesures efficaces.
En savoir plus : Découvrir son travail dans le grand entretien avec Gloria Dossou
Profil : Maître de conférences en Philosophie de la Médecine et de la Santé à l'Université Catholique de Lille.
Travaux de Recherche : Emanuele a entamé la rédaction d'un ouvrage de référence plaidant pour considérer les ressources biologiques en santé (les biobanques) en tant que "biens communs". Ses recherches explorent les questions éthiques et philosophiques soulevées par l'interaction entre le vivant et la technologie, et la manière dont la technologie transforme notre compréhension de la vie. Il vise à repenser le statut et la gouvernance de ces ressources, suggérant d'impliquer les donneurs dans les décisions d'accès et d'utilisation de ces échantillons humains.
Ses Convictions : Emanuele estime que les questions philosophiques et éthiques majeures ne se limitent pas aux sujets médiatisés de science-fiction, mais se jouent "dans les coulisses des infrastructures technoscientifiques" où la science contemporaine est réellement produite. Le don de matériel biologique est au cœur des biobanques, et leur exploitation vise l'intérêt général. Il est convaincu qu'il est possible de "repenser et de réimaginer la place des patients dans la gouvernance de la biomédecine", en développant des dispositifs de gouvernance participative pour remettre le patient au centre.
En savoir plus : Découvrir son travail dans le grand entretien avec Emanuele Clarizio
L'inauguration officielle de la résidence, tenue le 5 juin 2025, a été un moment clé, réunissant des représentants de l'État, des élus locaux et des partenaires, témoignant de la pertinence de cette initiative :
Monsieur Jean-Marie Sévin, représentant de la Fondation du Mont-Saint-Michel, a salué la fin de "10 années de travaux" de restauration du Prieuré, permettant désormais d'accueillir chercheurs et artistes.
Monsieur Benoît Goblot, administrateur de la Résidence de Recherche pour le Bien Commun, a présenté l'association comme une "Villa Médicis itinérante en Normandie". Il a souligné l'objectif d'aider les chercheurs à "rendre accessible" leur travail au grand public et à créer une passerelle entre la recherche et les acteurs engagés de la société.
Monsieur André-Jean Belloir, Maire de Pontorson, a déclaré qu'il est rare d'accueillir des chercheurs d'un tel niveau sur sa commune. Il a souligné que "Le bien commun est, pour chacun d'entre nous, une valeur fondamentale," et que cette initiative est essentielle pour la réflexion collective sur l'avenir du territoire et sa transition écologique.
Monsieur Jacques Bono, Maire du Mont-Saint-Michel, a insisté sur la richesse du "dialogue entre la science et notre territoire". Il a affirmé que les décideurs locaux ont un "besoin impérieux de s'appuyer sur un regard nouveau, sur des recherches pour lesquelles nous n'avons pas la compétence" pour prendre les bonnes décisions pour l'avenir et préserver ce "véritable joyau de l'humanité" face aux contraintes climatiques et touristiques.
Monsieur Pierre Chauler, Sous-préfet d'Avranches, a affirmé le soutien de l'État, décrivant le Mont-Saint-Michel comme un "espace vibrant et non figé" qui "vit, interagit" avec les chercheurs. Il a mis en avant l'"éclectisme remarquable des sujets abordés" par les chercheurs, qu'il juge "essentiels à l'évolution de notre société" à l'échelle planétaire.
Monsieur Jacques Rao, Conseiller de la Commission Nationale Française pour l'UNESCO, a rappelé que le patronage de l'UNESCO s'inscrit dans son engagement pour l'éducation, la science et la culture, soulignant l'originalité et la portée du projet. Il a affirmé que la Commission Nationale Française pour l'UNESCO a choisi de patronner cette résidence de recherche en raison de "l'originalité du projet" qui combine l'éducation, la science et le patrimoine, piliers mêmes de l'UNESCO. Il a également souligné que le terme de "bien commun" utilisé pour ce projet "rejoint tout à fait l'esprit de nos grands projets phares", tels que le patrimoine commun de l'humanité, la science ouverte, l'éducation pour tous, et le dialogue interculturel. Monsieur Rao a mis en avant "l'aspect scientifique du projet", expliquant que le "S" d'UNESCO représente toutes les sciences – exactes, naturelles, sociales, humaines – et que l'invitation de chercheurs de ces différents domaines est "très intéressante pour nourrir la réflexion sur les grands enjeux du XXIe siècle". Il s'est également félicité de "l'ouverture internationale" de la résidence, accueillant des chercheurs de différents continents, ce qui est "tout à fait dans l'esprit de l'UNESCO"